Billets ardents 222

© Marie-Amélie Tek 2022

« Je ne suis pas calme ; je suis feu, je vis, je suis couleur. Je suis essence, je suis plaisir, je suis rébellion. Je suis instinct, je suis peau, je suis révolution.
Ne fais pas attention à moi. Je viens d’une autre planète. Je vois toujours des horizons où tu dessines des frontières. »
Frida Kahlo

Les billets parfumés et dorés de l’été 2022 : suivez le parfum des roses et la poussière d’étoiles.

 

#1 Mer


Un goût qui s’en vient
Nouvelle coupe
Des vagues en poupe

Dans les mains
De sable pressé, gouttes
D’or, d’eau tamisée

S’enroule autour
Des brasses d’écume,
Un cerf-volant blanc

Deux chevaux là-bas
Veillent et dansent
La nasse féconde

De pensées dissoutes,
Éclatées en étoiles
De mer, absoutes.

Tout rayonne, luit.

 

#2 Source


Pierre d’ocre de sel
Plis de la falaise
Priés et recousus

Mémoires empilées
Et nœuds défaits
Par la source retourner

Révérence des pins
Des parasols, des cyprès
Cascade du ciel d’été

Aux oreilles superbes
Des gouffres de la terre
J’entre en courant

Dedans l’herbe
Qui brille et manifeste
La matière divine

Et illumine, l’abîme.

 

#3 Fontaine


Route numineuse
Tapissée, douce
D’amande mousse

Tu longes rapide
Sous le château
Les ruines des secrets

Les étoiles à la surface
De miroirs d’encre
Ses yeux se parent

Sentir ses pieds
Nus, glacés fondus
Nés, frais déliés

Deux poissons clairs
Et dans l’air vert
Un drapeau en vol

Les suspend à l’infini.

 

#4 Acropole


Dans ces bras colonnes
Tambours de pierre
Trompettes des siècles

Dieux et déesses
Au sommet sacré, rochers
Des nombres d’Athènes

Marbres bleu, blanc, gris
Poussière dorée
Au-dessus des masses

Serpenter dans les blocs
Passer les ombres
Entre les rayures, sonne

Un soleil vertical.

 

#5 Île


Des ombres chaudes
Outrebleu d’outre-mer
Du sang des navires

Passent dans les portes
Les cristaux d’horizon
La voie du poète

A la ligne du ciel
De la mer jouent
Galets longs et ronds

Blancs de lune
Aiguisés du regard
Des temps passés

Et des dunes.

 

#6 Gaïa


Dans la plaine
S’hydratent, s’allongent
Des arbres argentés

Les ondes blanchies
Signent la surface
De la terre et le cœur

Des chemins se cabrent
Aux aiguilles dressées
Des accidents

Des entourages, des bêtes
Et des hommes
Qui savent que d’amour

Elle abonde, la Mère.

 

#7 Météores


Fidèles armures
Des tétons de la nature
Formes mâchées

Accroche-cœurs au ciel
Piochant dans l’éther
Du tendre spirituel

Satellites des astres
Élevés dans les airs
Ou piliers des étoiles ?

Anachorètes, ailes noires,
Qu’êtes-vous devenus
Phares de la foule ?

Sous le fard, qui sait.

 

#8 Cosmos


Centre du disque
Nombril du monde
Des deux aigles réunis

L’œuf tombe au lieudit
Protégé par les dieux
Et le ciel en coupole

De lourds boucliers
Et des trophées d’or
Décrochés des colonnes

Demeurent seuls un roi
Et une reine nus.
Dans le temple sacré

À l’aube couronnés.

 

8 à l’infini des signes
222 et le symbole de l’infini
Tout est bien.

« Ne viens qu’avec ton cœur. »
François Pétrarque